Péloméduse roussâtre

Présentation générale de l’espèce :

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Source : Bernard Dupont via https://www.flickr.com
Nom courant Péloméduse roussâtre
Nom latin Pelomedusa subrufa
Famille Pelomedusidae

péloméduse

  • Origine historique et géographique : Cette espèce provient d’Afrique, de Madagascar et de la péninsule arabique. Elle est retrouvée dans des eaux douces peu profondes et stagnantes.
  • Aspect et variations : La Péloméduse roussâtre possède une carapace peu convexe de couleur brun gris. Sa zone ventrale est plus claire. La peau de la tête, de la queue et des pattes est grisâtre.
  • Format et poids moyen : 20-30 centimètres de long à l’âge adulte pour 2.5 kg environ.
  • Sexage et dimorphisme sexuel : Les mâles possèdent une queue bien plus longue et plus épaisse que les femelles.
  • Longévité : Une vingtaine d’années environ.
  • Régime alimentaire : Omnivore à forte tendance carnivore.

Comportement :

  • Comportement général : La Péloméduse roussâtre est une espèce semi-aquatique. Piètre nageuse, elle apprécie particulièrement les eaux peu profondes et stagnantes.
  • Interactions avec les congénères : Les mâles adultes ont tendance à se battre et ne doivent donc pas être mis en contact. De plus, il est déconseillé de faire cohabiter un mâle avec une seule femelle, cette dernière pouvant finir épuisée par les assauts sexuels de son compagnon. L’idéal est de mettre ensemble plusieurs femelles de taille comparable, ou de faire vivre un individu seul. Dans tous les cas, un enclos de taille suffisante doit être fourni pour éviter les interactions agressives entre les tortues. Il est proscrit de mélanger la Péloméduse roussâtre avec d’autres espèces, ces dernières n’ayant pas les mêmes besoins physiologiques et pouvant favoriser la transmission de maladies.
  • Interactions avec l’humain : La Péloméduse roussâtre n’est pas particulièrement sociable : les interactions avec celle-ci seront donc majoritairement limitées à des observations.

Reproduction :

Mode et période de reproduction Toute l’année en captivité, ovipare
Age de la maturité sexuelle Age d’atteinte d’une taille d’environ 13-16 cm de long
Durée de l’incubation 90-100 jours
Nombre d’œufs par ponte Jusqu’à 42

Manipulations et contention :

Il est facile de manipuler une tortue. Il suffit de la saisir à deux mains par les côtés de sa carapace. Attention cependant à ne pas placer les doigts devant la tête de l’animal, celui-ci pouvant effectuer des morsures douloureuses.

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Source : Bernard Dupont via https://www.flickr.com

Habitat et conditions d’entretien :

  • Type d’habitat : La Péloméduse roussâtre est une espèce semi-aquatique qui apprécie les milieux chauds. Il est indispensable de la maintenir en intérieur toute l’année. Il est possible d’utiliser un vivarium ou, pour les plus grands individus, un local ou une serre chauffée. L’habitat doit comporter une large zone terrestre (plage d’insolation) ainsi qu’un plan d’eau peu profond (cette tortue est une mauvaise nageuse). La profondeur de ce dernier doit être d’environ la hauteur de la carapace de l’individu.
  • Dimensions minimales : L’habitat ne nécessite pas une profondeur d’eau importante. Il est donc possible de choisir un vivarium peu haut mais s’étendant en longueur. Un aquarium de 100 litres convient à un individu juvénile, mais un spécimen adulte nécessitera un espace plus important (un aquarium de 1000 litres est idéal).
  • Emplacement du logement : Le vivarium doit être placé dans une pièce calme, tempérée, à l’abri des courants d’air et des rayons directs du soleil.
  • Substrat :
    • La zone terrestre de l’habitat peut être composée d’un mélange de sable et de tourbe (acheté en animalerie spécialisée) pour permettre à l’animal de creuser à sa convenance.
    • Le fond du vivarium peut être recouvert d’une couche de sable de rivière ou de sable utilisé en aquariophilie.
  • Hygiène et nettoyage de l’environnement : Les déjections ainsi que les restes de nourriture non consommés doivent être retirés quotidiennement. Une vidange complète du vivarium avec un nettoyage de celui-ci à la javel doit être effectué une fois tous les 2 mois environ. Il est recommandé de mettre en place un système de filtration de l’eau (utilisé en aquariophilie). Il est possible d’utiliser un filtre intérieur pour un petit volume d’eau, mais un filtre extérieur est fortement conseillé dans le cas d’un aquarium de grande taille. Le système d’aspiration du filtre doit être isolé par un grillage fin pour éviter tout accident, particulièrement avec les individus juvéniles. Le filtre doit être nettoyé une à deux fois par mois. Si aucun système de filtration n’est utilisé, un changement intégral de l’eau du vivarium doit être effectué une fois par semaine.
  • Enrichissement de l’habitat :
    • Il est possible d’agrémenter l’habitat de plantes naturelles ou artificielles pour permettre à la tortue de se cacher. Elles doivent être retirées si la tortue est observée en train de les consommer.
    • Un plan incliné en verre recouvert d’un grillage en plastique peut être placé au niveau de la zone terrestre pour faciliter la sortie de l’eau de la tortue.
  • Température idéale : Les reptiles sont des animaux ectothermes (à « sang-froid »), c’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas régulier leur température interne via leur métabolisme et nécessitent donc des sources de chaleur extérieures.
    • L’eau de l’habitat doit être chauffée avec une résistance thermostatée (achetée en magasin d’aquariophilie). Il est indispensable d’isoler la résistance (grillage, …) pour empêcher la tortue de l’endommager voire de se blesser avec.
    • Une lampe chauffante doit être placée au-dessus de la plage d’insolation pour créer un point chaud durant la journée. Il doit être éteint durant la nuit.
    • Un thermostat précis doit être utilisé pour le réglage des appareils chauffants afin d’atteindre les températures adaptées à la vie du reptile (voir tableau ci-dessous). De plus, il est indispensable de placer des thermomètres sur la plage d’insolation et dans l’eau du terrarium pour contrôler régulièrement l’ambiance de l’habitat.
    • Il est important de rendre inaccessible au reptile les éléments chauffants pour éviter tout risque de brûlure. Les lampes chauffantes doivent être placées derrière un grillage fin ou suffisamment en hauteur. L’utilisation de pierres chauffantes à placer dans le terrarium est proscrite étant donné le risque très élevé de brûlure pour l’animal.
  Eau Point chaud (sous la lampe chauffante)
Température 26-28°C 30-32°C

 

  • Eclairage :
    • La tortue étant placée en intérieur, il est indispensable de créer une alternance jour/nuit artificielle avec une période de 12 heures d’éclairage par jour. Celle-ci doit être réglée avec précision à l’aide d’un minuteur automatique. Une lampe émettant une lumière peu intense est recommandée pour cette espèce.
    • Pour le bon fonctionnement du métabolisme du calcium de la tortue, il est fondamental que l’animal reçoive des rayons du spectre ultraviolet B (UVB). Pour cette espèce, l’utilisation d’un tube néon à 5% d’UV convient. L’appareil doit être placé au niveau de la plage d’insolation, et l’animal doit pouvoir s’y exposer à 20-30 cm de distance environ. Il ne doit pas être disposé derrière une vitre en verre ou en plexiglas, les UVB ne traversant pas ces matières. Il est nécessaire de changer la lampe UV de manière régulière, celle-ci perdant de son efficacité au cours du temps. Un changement tous les 6 mois environ est recommandé pour les néons, ou selon les informations données par le fabricant.

Régime alimentaire :

  • Nourriture : La Péloméduse roussâtre est une espèce omnivore à forte tendance carnivore. 90% de sa ration doit être composée de viande ou de poisson. Le reste de l’alimentation doit être constitué de verdure fraîche. Les jeunes tortues doivent être nourries quotidiennement, tandis que les adultes nécessitent 2 à 3 repas par semaine. Pour constituer une ration équilibrée, il est indispensable de varier au maximum l’alimentation de la tortue en diversifiant régulièrement les sources de protéines animales et de verdure.
    • Les sources de protéines animales administrées à la tortue peuvent être de la viande (foie de veau, cœur et gésier de volaille, souriceaux, grenouilles, poussins, …), des poissons frais entiers (vairons, gardons, guppys, anguilles, lançons …) ou des morceaux de filets (saumon, colin, …). Attention à la congélation qui diminue la teneur en nutriment des aliments, notamment en vitamine B1. Il est aussi possible de donner des crustacés (écrevisses, crevette, …), des mollusques (escargots, …) ou des vers.
    • De la verdure doit être apportée en petite quantité. Il est indispensable de choisir des aliments plus riches en calcium qu’en phosphore (rapport Ca/P > 2). Il est possible d’apporter du cresson, du pissenlit, de la romaine, des fanes de betterave ou de navet, des blettes, des endives, … L’apport de fruits ou de légumes charnus (carotte, concombre, courgette, …) n’est pas conseillé.
    • Il existe dans le commerce des aliments industriels spécialement conçus pour les tortues aquatiques. Il est possible de les inclure dans l’alimentation, leur apport ne devant pas représenter plus de 30% du total de la ration journalière.
    • L’apport de poissons riches en thiaminases (facteurs anti-vitamine B1) comme les poissons rouges, les sardines, les anchois, les harengs, ou encore les carpes est à proscrire.
    • Il est fortement déconseillé d’administrer des viandes transformées à la tortue (steak haché, charcuterie, …).
  • Suppléments nutritionnels : Il n’est pas recommandé de complémenter l’alimentation de la tortue en vitamines et minéraux si celle-ci est équilibrée et que l’animal est exposé correctement à une lumière émettant dans le spectre UVB.

Législation et conseils d’achat :

  • Statut légal de l’espèce : La Péloméduse roussâtre est considérée comme une espèce non domestique en France.
  • Démarches légales à faire lors de l’acquisition :
    • Une attestation de cession ainsi qu’un document d’information sur l’espèce doit accompagner toute transaction de spécimen.
    • La détention de 1 à 25 individus de Pelomedusa subrufa (sans aucun but lucratif lié à la possession des animaux) est libre et ne nécessite pas d’autorisation particulière. L’obtention d’un certificat de capacité ainsi que d’une autorisation d’ouverture d’établissement est en revanche nécessaire en cas de possession d’au moins 26 individus ou pour un élevage à but lucratif.
  • Conseils sur la source d’achat de l’animal : Bien que de nombreuses sources permettent aujourd’hui d’adopter une Péloméduse roussâtre, il est conseillé de s’adresser à des animaleries spécialisées en reptiles ou des élevages professionnels sérieux. Il convient de s’intéresser en amont aux conditions d’élevage des reptiles au sein de ces structures pour s’assurer de leur qualité.
  • Conseils lors de l’achat : Il est indispensable d’adopter un individu né en captivité plutôt qu’un spécimen provenant du milieu sauvage. En effet, le prélèvement d’individus sauvages est interdit et met en danger de nombreux écosystèmes. De plus, les individus prélevés dans la nature sont réputés pour être souvent plus fragiles que ceux élevés en captivité. L’adoption d’un individu juvénile est conseillée pour permettre une adaptation plus simple du reptile. De plus, il est indispensable de s’assurer de l’âge précis de l’animal, ainsi que de son sexe. Il est fortement conseillé de réaliser un bilan de santé chez le vétérinaire lors de l’achat de l’animal.
  • Évaluation du coût à l’achat : L’adoption d’un reptile représente un investissement important lors de l’achat. Il est possible de trouver des Pelomedusa subrufa juvéniles dans le commerce pour un pris avoisinant la vingtaine d’euros. Le prix d’un aquarium est variable selon sa taille. Comptez environ 200 euros pour un habitat de taille adaptée à un individu juvénile, et plus d’un millier d’euros pour un spécimen adulte. L’achat des accessoires (système de chauffage, lampe UV, enrichissement de l’habitat, nourriture et compléments, substrat, …) revient à environ 150 euros, voire plus pour des vivariums de très grande taille.  Pour un bilan de santé chez le vétérinaire, comptez 30 à 50 euros.
  • Évaluation du coût à l’entretien : L’entretien d’un reptile représente un investissement financier plus modéré qu’à l’achat. Il faut d’abord compter les achats réguliers de nourriture et de substrat, revenant en général à quelques dizaines d’euros par mois. Il faut aussi prévoir le renouvellement occasionnel des accessoires (enrichissement environnemental, système chauffant, …) ainsi que du système de lampe UV (tous les 6 mois environ pour une cinquantaine d’euros). Enfin, un investissement financier supplémentaire devra être réalisé en cas d’apparition de maladies chez l’animal.

Remarques importantes :

  • La Péloméduse roussâtre, comme beaucoup de reptiles, peut être naturellement porteuse d’agents pathogènes potentiellement dangereux pour l’Homme comme les salmonelles. Il est donc indispensable de se laver les mains après toute manipulation de l’animal ou d’objets étant en contact avec celui-ci. De plus, il convient de ne pas nettoyer les éléments du terrarium au même endroit que la vaisselle, et de ne pas laisser le reptile en liberté dans la maison. Enfin, il est déconseillé de mettre une tortue en contact avec des jeunes enfants, des personnes âgées, des femmes enceintes ou des personnes potentiellement immunodéprimées.
  • Il est nécessaire de permettre à cette espèce de s’exposer à la lumière d’une lampe émettant dans le spectre UVB. Ces rayonnements sont indispensables au bon fonctionnement du métabolisme du calcium chez ce reptile.
  • Une alimentation et des conditions d’hébergement inadéquats sont souvent en cause dans l’apparition de maladie. Respectez scrupuleusement les besoins de votre animal et consultez un vétérinaire régulièrement.

Bibliographie :

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  3. Hughes B. LONGEVITY RECORDS OF AFRICAN CAPTIVE AMPHIBIANS AND REPTILES: PART 1. INTRODUCTION AND SPECIES LIST 1—AMPHIBIANS AND CHELONIANS. The Journal of the Herpetological Association of Africa. janv 1986;32(1):1‑9.
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  5. Meredith A, Redrobe S. BSAVA Manual of Exotic Pets. 4th Edition. BSAVA; 2002.
  6. Rineau F. L’ALIMENTATION DES TORTUES D’EAU EN CAPTIVITÉS. Créteil; 2017.
  7. Schilliger L. Alimentation des reptiles et dominantes pathologiques d’origine nutritionnelle. Méd Vét. 2000;151(12):1107‑18.
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  9. Arrêté du 8 octobre 2018 fixant les règles générales de détention d’animaux d’espèces non domestiques [Internet]. TREL1806374A. Disponible sur: https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2018/10/8/TREL1806374A/jo/texte